Dans la fraîcheur de la nuit avignonnaise, Edouard Lemaresquier
agonisait avec délice: la mort sous les étoiles est un privilège de
théâtre qui cesse avec les saluts. Edouard était vieux, fatigué, et sa
fin entrevue comme une extase lui paraissait désirable. Suivant pas à
pas une poignée de comédiens dans les années 80, Claude Mourthé brosse
le panorama un peu triste d'une communauté de solitaires pas comme les
autres: c'est le gros Julius aux petits cigares qui brûle un cierge
avant d'aller pointer à l'ANPE
de la rue Blanche. C'est le beau Serge qui regimbe à l'idée de passer
l'hiver au TNP de Villeurbanne pour faire le Roméo auprès d'une Juliette
trop gracile. C'est Edith qui rend son rôle pour cause de chagrin
d'amour, et Raison, le metteur en scène célèbre pour son "Tartuffe",
plus guignol que jamais. De séances de travail "à la table" en
répétitions sans grâce, de désespoirs de loge en gymnastiques d'alcôve,
défilent les vanités, les peurs et les espoirs. Mourthé explique comment
ça marche, le théâtre, et ce qu'il pense, le comédien. Il écoute avec
patience, romance avec tendresse et compassion. Est-ce donc si triste de
jouer la comédie?
Prix Renaudot des lycéens 1994
Prix Renaudot des lycéens 1994
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